Nous avons déjà évoqué le projet Grand Bois à Montfort, dont nous avions dit tout le mal que nous en pensons lors de l’enquête publique. Nous avions aussi dénoncé la rage écumante du commissaire enquêteur chargé de cette enquête, pour qui le mot « impartialité » est une invention exotique.
Mais nous avons manqué de vigilance. Après une enquête publique, si l’avis du commissaire est favorable le permis de construire est rapidement accordé. Et dans le cas d’un avis défavorable, le Préfet ou la commune (comme on l’a vu sur Aubignosc pour la modification du PLU) passe généralement outre. Nous aurions dû anticiper l’arrêté préfectoral qui allait accorder ce permis.
Or, sur le site Web de la Préfecture où nous relevons tous les nouveaux permis de construire, à la rubrique de Montfort l’enquête publique a bien été publiée mais non, contrairement à l’usage, le permis de construire. A priori, un permis de construire doit être affiché en mairie et sur site, et l’affichage sur le site Web de la Préfecture ne serait pas obligatoire. Le fait que cela soit néanmoins systématique nous a induits en erreur. Et quand nous avons découvert le défrichement, la période de 2 mois suivant l’attribution du permis pendant laquelle il est possible de contester cette décision était depuis longtemps révolue.
Nous constatons donc aujourd’hui l’un des pires défrichements de notre secteur pour raison photovoltaïque, sous notre nez et sans aucune réaction de notre part. Il nous faut aujourd’hui tirer les leçons de cette séquence et modifier nos procédures de vigilance en conséquence.
Pour donner une idée de l’ampleur des dégâts, voici à quoi ressemble la forêt tout autour du site :
Un taillis de chênes blancs relativement jeunes, en pleine croissance, abritant tout un écosystème caractéristique – l’emblème même de ce que nous cherchons à défendre. Et maintenant qu’y trouve-t-on ?
Désolation, absence de vie, bêtise humaine…
On note aussi l’absence de mobilisation des habitants de Montfort, pour qui l’invisibilité relative du projet a dû susciter l’indifférence – et qui sinon nous auraient alertés. Mais comme nous l’écrivions récemment au sujet du projet Hibiscus de Mallefougasse : l’adhésion des habitants est un critère incontournable de faisabilité de tout projet, mais il n’est pas suffisant. La nature en général et notre montagne en particulier restent des biens communs ce qui autorise leurs défenseurs à intervenir à l’encontre d’une adhésion même majoritaire des habitants.
Nous avons le même type de forêt en croissance sur le site du futur parc photovoltaïque d’Oraison: chênes blancs, verts, et cèdres de reboisement de 10 à 15 mètres. Une véritable forêt en devenir, dense et bruissante de vie, considérée comme une “garrigue” qui ne mérite pas le moindre intérêt apparemment pour les décideurs.