Mise à jour du 4 septembre
La pause du chantier aura été un vœu pieux : ce lundi matin, une pelle mécanique de bon calibre (15-25 tonnes) a été livrée avec un gros BRH (brise-roche hydraulique). L’appareil est trop court et trop peu précis pour creuser les puits de 2m qui serviront aux pieux porteurs des panneaux. C’est probablement la clôture définitive ou les chemins qui sont en cause. Puis d’autres engins arrivent : c’est la grosse cavalerie !
Les opposants se démènent. La maréchaussée renchérit. La tension monte d’un cran.
Les travaux ne devaient pourtant pas débuter avant le 21 septembre d’après Boralex.
Mise à jour du 6 septembre
D’une part les frictions, voire altercations, entre les gendarmes et les opposants augmentent. Hier, une opposante a été menottée et emmenée en gendarmerie pour une garde à vue qui a duré 3 heures.
D’autre part, la DREAL PACA a publié sur son site un « Porter-à-connaissance portant sur les espèces protégées relevées par le CEN PACA et Asellia Ecologie » de la part de la société Boralex. Il s’agit de la réponse de l’opérateur aux allégations de la plainte déposée par Elzéard et d’autres associations le 10 juillet dernier. Le document de Boralex, daté lui du 29 août, vérifie la présence des espèces protégées identifiées dans la plainte et propose des mesures en rapport des cas avérés (selon ses propres études). Il est possible de donner son avis sur cette analyse à partir du site de la DREAL jusqu’au 20 septembre.
Dans ce contexte, la question de la trajectoire juridique de la plainte en question se pose, puisque l’opérateur propose lui-même des ajustements. Il reste que des mesures de compensation ne suffisent pas pour faire oublier le tort subi par les espèces en cause.
Les événements
Le projet de centrale photovoltaïque de Cruis, que nous suivons et que nous combattons dans ces pages ainsi qu’au tribunal, est récemment entré dans une nouvelle phase. La forêt qui couvrait le secteur a déjà été rasée puis broyée en septembre. Maintenant, malgré les procédures en cours, Boralex, l’opérateur, a fait intervenir des prestataires pour boucler le périmètre du projet par une première clôture légère, et aussi pour élaguer les arbres le long des pistes d’accès, afin sans doute de faciliter le passage d’engins.
Dès le début de ces nouvelles interventions, des opposants se sont mobilisés pour ralentir voire bloquer le chantier. On parle principalement des membres du collectif Elzéard mais ce groupe n’a pas de contour déterminé et l’appetrl aux volontaires ayant été largement diffusé, il serait difficile de dire l’exacte relation de chaque participant avec le collectif.
Les gendarmes sont tous les jours sur place, contrôlant le trafic en invoquant un arrêté municipal détourné dont la légalité semble bien fragile. Des gens sont verbalisés pour des motifs variés. Les gendarmes se retirent en même temps que les ouvriers du chantier.
La démarche d’opposition se poursuit depuis trois semaines – notre confrère Cruis citoyen en a chroniqué les premières. Elle continue toujours mais le bruit court qu’il pourrait maintenant y avoir une pause, des agents de sécurité sur place étant chargés de faire respecter la clôture. Tous les cerfs du secteur se donnant rendez-vous annuellement exactement sur cette zone pour le brame, et la clôture n’étant pas bien haute, on verra dans les semaines à venir s’il faut compter ces cervidés parmi les opposants, et comment réagira la sécurité.
Ces événements s’inscrivent dans le contexte du dépôt d’une plainte récente au pénal par Elzéard et d’autres associations, qui reprochent à Boralex de menacer les sujets et les habitats d’espèces protégées n’ayant pas été identifiées dans l’étude d’impact préalable au projet. Ces espèces ne sont donc pas couvertes par la dérogation préfectorale pour destruction d’individus protégés et de leur milieu, qu’Amilure conteste déjà au tribunal administratif de Marseille. Aujourd’hui, il est demandé à l’opérateur par les porteurs de cette plainte de suspendre ses travaux jusqu’au jugement.
On verra, dans les jours qui viennent, ce qu’il en est.
Elzéard et Amilure
Il vaut la peine de rappeler ici la relation qui lie nos deux groupes, le collectif et l’association. Depuis l’émergence d’Elzéard, dernier arrivé, la collaboration est de mise. Nous partageons informations et documentation, nous échangeons. Nos analyses, nos méthodes et nos stratégies sont différentes, mais nous visons les mêmes objectifs. Notre différence est donc une complémentarité qui nous permet de couvrir nos cibles sur des angles plus larges.
Malgré ce qu’en disent certains médias, Amilure n’est pas présente en tant qu’association ces jours-ci sur le terrain. Notre mission et raison d’être est de veiller, documenter, analyser et informer nos 2 000 membres et sympathisants, et aussi de combattre le feu par le feu : par une négociation constructive et ferme avec l’Etat et les élus, usant des moyens administratifs et juridiques qui sont à notre disposition. Ce n’est donc pas dans notre nature ni dans nos pratiques de nous poster devant des engins pour les bloquer, bien que nous ayons participé à des manifestations pacifiques sur site à l’occasion. Mais nous ne condamnons pas ces agissements tant qu’ils restent dans le cadre que définit Elzéard dans sa charte :
Non violence avec le Vivant, physique et verbale (ce qui inclut aussi la police, les huissiers et les ouvriers !) Ecoute/Communication/Dialogue Respect. Pas de discrimination, pas d’oppression, pas de comportement sexiste, raciste, classiste, âgiste. Pas de dégradation matérielle.
Nous remercions au contraire les intervenants de leur investissement en espérant qu’ensemble nous parviendrons à retourner la situation – rappelons que notre recours au tribunal administratif contre ce projet est toujours en appel.
L’issue est incertaine mais, si les forces de chacun restent unies, la victoire est possible.
bonsoir,
Je cite l’article : “On parle principalement des membres du collectif Elzéard mais ce groupe n’a pas de contour déterminé et l’appel aux volontaires ayant été largement diffusé, il serait difficile de dire l’exacte relation de chaque participant avec le collectif.”
Mais n’est-ce pas précisément la nature informelle d’un collectif ? Il faut rendre à César etc…, c’est bien le collectif Elzéard qui conteste sur site la poursuite du chantier, et ce depuis 3 semaines.
Dans l’attente du jugement des plaintes, leur opposition physique s’appuie sur la constitution : – Charte de l’environnement (loi constitutionnelle mars 2005) :
Art. 2 : « Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement »
Art 3 « Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences. »
Sans préjuger des avis, est-ce que ça ne mérite pas d’être précisé ?
amicalement
Merci pour ces précisions sur la charte de l’environnement. Mais nos propos sur le collectif ne sont pas critiques. Seulement il est vrai, et constaté, que les personnes présentes, qui répondent à l’appel d’Elzéard, ne se réclament pas toutes du collectif, ce qui n’enlève rien à la démarche, ni au collectif, ni à ces personnes…
et merci de l’éclaircissement