Amilure

Les amis de la montagne de Lure

Amilure suit le projet d’implantation photovoltaïque sur 17 hectares de la commune de Cruis, que nous combattons, depuis quelques années – comme plusieurs articles en attestent dans ces pages. Nous faisons ici le point sur le contexte citoyen, juridique et politique de ce dossier.

L’actualité récente a fait remonter la température sur ce front, après l’assaut des défricheurs/désertificateurs de septembre dernier. Pour illustrer le phénomène, déjà abondamment commenté sur notre site, trois images :

Aspect de la forêt de jeunes cèdres en pleine croissance

Aspect de la zone après à peine un jour et demi d’abattage et débardage

Aspect de la zone après broyage de la végétation, puis des pierres

Nous avons donc assisté à la fabrication d’un quasi-désert, que le ruissellement des pluies risque d’achever en emportant la rare terre qu’on trouve sur ce secteur de la montagne de Lure. C’est ce que l’opérateur, la société Boralex, appelle « une seconde vie » dans une récente documentation mise en ligne pour informer la population. Ce texte vient d’être consciencieusement démonté par notre confrère Cruis citoyen, qui en a traqué les faussetés, les omissions et les imprécisions – nous vous invitons à prendre connaissance de cette analyse, qui, sur le secteur, sera sans doute lue davantage que la communication qu’elle dénonce.

Comme on le sait, le recours déposé par Amilure contestant la dérogation pour destruction d’espèces protégées est en attente de jugement, qui ne devrait plus tarder. Boralex a déjà perdu un recours analogue en première instance sur un autre projet proche de nous, ce qui ne peut que l’inquiéter.

Par ailleurs, dimanche le 4 décembre, le collectif Elzéard organise sur les lieux un rassemblement que nous soutenons et qui promet de réunir de nombreux opposants.

La société Boralex, qui nous lit, a aussi du souci à se faire par rapport à l’action collective dénonçant le préjudice subi, qui sera déclenchée dès l’achèvement des travaux (le cas échéant) par les riverains – dont les habitants de la commune voisine, Montlaux, confrontés à un paysage significativement dégradé.

En attendant, la loi sur l’accélération des énergies renouvelables (EnR), dont le texte a été arrêté en commissions (économique et écologique), sera débattue à l’Assemblée nationale à partir du 5 décembre. Cela ressemble à une belle embellie pour les acteurs du type Boralex, qui, dans sa revue financière destinée à séduire les actionnaires potentiels, va jusqu’à décrire (page 6) le contexte politique français comme un argument de croissance :

En France, diverses mesures visant à accélérer le développement des énergies renouvelables sont en discussion. Les détails seront connus dans les prochaines semaines. L’objectif est de pallier aux problèmes d’indisponibilité des réacteurs nucléaires en exploitation et de poursuivre la diversification du mix énergétique. Des mesures à l’étude par le gouvernement en réaction à la forte hausse des prix de l’énergie pourraient également toucher les revenus au prix de marché associés aux opérations de l’entreprise.

Sous-texte : les opposants seront muselés et les tarifs augmentés – nos marges bénéficiaires en profiteront donc mécaniquement. Cela confine au cynisme. L’opérateur est en revanche probablement motivé dans sa précipitation, sur Cruis, par certaines tendances observées au parlement. En effet, un amendement porté par le député Eric Bothorel a été intégré en commission (développement durable et aménagement du territoire) au projet de loi dont le message principal est : « On ne défrichera plus la forêt pour du photovoltaïque ». Il est rare que le bon sens du terrain percole jusqu’aux sommets habités par notre gouvernance, aussi faut-il se féliciter de voir reconnaître à ce niveau ce que nous martelons depuis longtemps. Le fait que cette proposition émane d’un élu du parti présidentiel permet d’espérer son adoption, mais il faut encore que la politique, cette logique qui n’en est souvent pas une, en décide. Sur le fond, il semble que cette approche soit motivée par la défense de l’agrivoltaïsme, qui relève encore souvent du déguisement pour exploitations industrielles masquées, mais si nos forêts peuvent être sauvegardées au passage, ce sera toujours ça de pris.  La vigilance reste néanmoins de mise pour les abus agrivoltaïques.

 

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Cruis : ce n’est pas le statu quo

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