Amilure

Les amis de la montagne de Lure

Rapport du front : point sur les projets en cours

Il nous semble opportun de faire un point global sur l’ensemble de projets EnR qui nous cernent, et que nous suivons activement. Ils sont nombreux.

Pour un complément d’information, on pourra consulter la vidéo de notre table ronde, lors de l’AG du 26 septembre à Saint-Etienne-les-Orgues, où les participants rendent compte de leur lutte dans chaque commune. A l’issue de cet événement, nous avons fondé un « intercollectif de Lure » avec les mobilisations des différentes communes et nous travaillons sur diverses pistes de mutualisation.

Aubignosc

Au lieu dit Malaga, sur Aubignosc, le projet de centrale photovoltaïque est pour l’instant à l’arrêt. Nous avons contesté en février 2023 ses permis de défrichement et de construire au tribunal administratif de Marseille et nous attendons les dates d’audience – les deux recours seront jugés par des chambres distinctes. La mairie défend ces projets en dépit d’une enquête publique défavorable.

Nous nous sommes inquiétés cet automne, dans la fenêtre de septembre à novembre jugée moins néfaste pour la nature, que l’opérateur, Q Energy, entame les travaux comme l’avait fait Boralex sur Cruis sans attendre le jugement de notre recours. Mais nous attaquions alors la dérogation espèces protégées. Ici ce sont les autorisations de défricher et de construire que nous contestons, et les opérateurs sont beaucoup plus frileux par rapport à ces mises en cause, notamment vis-à-vis des banques qui financent ces projets.

L’un de nos membres, qui habite face au site, a néanmoins gardé un œil vigilant sur la zone. Mais comme nous le jugions probable, les travaux n’ont pas été amorcés.

Par ailleurs, nous lisons que, suite à un état des lieux effectué par un naturaliste à la demande d’Elzéard, le collectif, qui n’a pas de statut légal, a demandé à l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) d’intervenir par avocat auprès du préfet afin d’exiger de Q Energy qu’une demande de dérogation espèces protégées soit effectuée. Il faut savoir que cette demande de dérogation est une procédure déclarative de la part d’un opérateur – elle n’est pas systématique. Il y aurait apparemment lieu de croire ici que Q Energy a sous-estimé l’impact du projet en matière de biodiversité, et le préfet sera saisi sur cette question.

Banon

Le statut des projets des Mûres Basses et du Plan de Banon reste relativement opaque. Nous en avons combattu les premières esquisses, puis ils ont été retirés du projet de PLU pour revenir sous forme de ZADER (zones d’accélération d’énergie renouvelable) dans le cadre de la consultation voulue par la loi APER.

Ce qui reste constant, a priori, c’est le manque de transparence de la mairie à ce sujet, et le fait que les projets ne sont pas officiellement abandonnés. L’association de l’Amandon de Banon reste vigilante.

Nous demeurons dans l’attente des évolutions à venir pour choisir d’intervenir ou pas.

Cruis

A l’issue de l’appel de mai dernier, que nous avons gagné contre le projet du jas d’Aubert à Cruis, nous avons abordé les administrations de tous les acteurs de l’énergie ainsi que le ministère de la transition écologique, pour signaler l’illégalité désormais avérée de l’exploitation de la centrale de Boralex.

L’opérateur a choisi de contester l’arrêt de la cour d’appel au Conseil d’Etat, mais en attendant il vend son électricité en dépit du défaut d’autorisations de la centrale. Jusque là, titulaire d’un arrêté préfectoral autorisant les travaux, il était dans son bon droit. Mais depuis cette décision, il est rétroactivement dans l’illégalité. Même si le Conseil d’Etat lui donnait éventuellement raison, en attendant il ne devrait pas avoir le droit d’exploiter la centrale, ce que nous tentons de faire valoir.

L’arrêté préfectoral qui vient de paraître, et que nous commentons dans ces pages, nous conforte dans cette analyse. L’opérateur doit maintenant régulariser sa situation, s’il en est capable, ou démanteler la centrale.

Pour l’heure, la requête de Boralex au Conseil d’Etat n’a toujours pas passé le cap de l’admissibilité.

Limans

Sur Limans, un projet d’environ 34 ha (+ 26 ha de débroussaillement) porté par des propriétaires privés, sur les sites de Sigriès et Rouyère, a une nouvelle fois été retoqué en juillet pour défaut de production de document. Les raisons de cette gestion laxiste, qui étonne, sont inconnues de tous.

Sur place, le collectif du Chêne blanc est très actif pour résister à ces intentions néfastes qui, grâce au montage multipropriétaires, pourrait contourner le seuil des 25 ha de défrichement par projet prescrit par la loi APER.

Il faut certainement s’attendre au retour de ce projet, que la mairie conteste aussi.

Lurs

Le projet des Pierras, à Lurs, a fait se dresser une part importante de la population locale qui est contre ce projet – et contre la mairie qui le défend.

Un collectif a d’abord été formé, puis une association, NaturaLurs, très active et mobilisante.

Les projets sont identifiés dans la définition des ZADER de Lurs produite par la mairie, mais ils n’ont pas encore été déposés. Il n’est donc pas possible pour l’instant de les contester formellement – l’opposition se joue principalement entre citoyens et mairie.

Mallefougasse

Sur Mallefougasse, le projet privé des Hibiscus, qui prétend à un agrivoltaïsme pastoral, marque le pas.

Une grande partie de la population a su se fédérer pour résister à ces intentions jugées néfastes pour le village, notamment pour des questions de visibilité et d’accès aux zones convoitées. La mairie soutient la résistance populaire.

Rejeté d’emblée par l’administration lors du passage au guichet unique EnR géré par la sous-préfecture de Forcalquier, le statut actuel du projet n’est pas connu.

Les Omergues

Deux projets ont récemment fait surface aux Omergues qui ne sont pas encore recensés dans nos pages par manque d’information précise à ce stade. La surface même des centrales envisagées n’est pas connue, malgré certains chiffres très importants qui ont circulé basés sur les unités foncières concernées plutôt que sur les projets d’implantation.

Ce que nous savons c’est qu’un collectif s’est levé localement pour résister à ces projets, avec lequel nous échangeons et qui fait partie de l’intercollectif de Lure. Ce collectif a obtenu récemment la tenue d’une réunion publique par la mairie des Omergues. Nous en saurons plus à l’issue de cette rencontre.

Ongles

Le projet du bois de Seygne, à Ongles, est sans doute le plus destructeur de tous. Il recoupe en effet une zone humide, biotope particulier caractérisé par un écosystème (faune et flore) très spécifique et, dans nos contrées, extrêmement rare. Les conséquences de toute attaque à ce milieu ne se mesurent pas au seul périmètre du projet : une zone humide joue un rôle à l’échelle macrosystémique local dans la mesure où de nombreux échanges sont observables avec les milieux environnants.

Ce projet est emblématique de notre lutte, et de l’aveuglément administratif qui le soutient, sans doute par ignorance plutôt que par cynisme. Il ne doit pas passer.

Or, en première instance notre recours contre le permis de défrichement (qui a été jugé en même temps que notre premier recours contre la dérogation espèces protégées de Cruis, en janvier 2023), a été rejeté. Nous avons logiquement fait appel et la date d’audience est imminente.

En première instance nous étions accompagnés dans la requête par LPO et FNE. Apparemment LPO a aussi suivi en appel.

Redortiers

A Couravoune, sur Redortiers, nous avons jugé que le projet, de dimension réduite, peu visible et modérément impactant en termes de forêt et de biodiversité, était tolérable, comme nous nous en expliquons dans cet article.

Cette position, qui découle de notre doctrine générale selon laquelle nous ne nous opposons pas systématiquement à tout projet industriel, nous a valu l’opprobre d’autres militants plus radicaux. C’était à prévoir et nous l’avions prévu. Nous le défendons néanmoins, ce dont nous savent gré nombre de membres et de sympathisants.

Cependant, l’un de nos membres, expert forestier, ayant appris qu’un permis de défrichement n’était pas requis par la DDT, a voulu apprécier par lui-même la nature du site. Il a constaté qu’au contraire, une ancienne destination forestière des parcelles requérait que ce permis soit demandé. Nous avons communiqué avec la DDT à ce sujet et nous avons appris que l’erreur avait été détectée dès 2023, et qu’un permis de défrichement était en cours d’instruction.

Notre position initiale suivait l’avis du CNPN (Conseil national de la protection de la nature) sur le projet mais, dans les circonstances, il apparaît que celui-ci s’est exprimé sur la base d’une étude de site incomplète. Il faudra donc demander à cet organisme de revoir son appréciation, à la lumière de la demande de permis que la DDT promet de nous communiquer.

Quoi qu’il en soit, il est impossible pour l’opérateur d’entamer des travaux à ce stade.

Revest-Saint-Martin

Aux Corraïnes de Revest-Saint-Martin, le projet se situe sur une ancienne carrière, en un lieu peu visible, et sur une surface de 5,71 ha. Comme pour Couravoune à Redortiers, nous avons jugé ce projet tolérable, à l’instar le CNPN qui conclut « favorable sous conditions » comme à son habitude. Ici aussi, d’autres instances de la mouvance associative ont jugé notre position trop permissive.

L’opérateur Ténergie vient de gagner un recours en justice qui devrait, sauf appel, lui permettre d’avancer. Il était jusque là en attente du jugement.

L’opposition locale n’a pour l’instant eu aucun impact sur le chantier, sauf à interrompre la procédure de fermeture de carrière préalable, indépendante de la mise en place des panneaux. Des engins ont paraît-il été dégradés dans l’histoire. Les opposants déplorent souvent, avec raison, le manque de transparence de la part des communes. Ici c’est la maire du village qui se plaint des positions hermétiques des opposants, avec lesquels elle n’est pas arrivée à établir le dialogue constructif.

Rapport du front : point sur les projets en cours

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