Nous avons constaté récemment deux exemples d’oppositions similaires dans nos villages, entre les soutiens à des projets photovoltaïques industriels et leurs opposants, que les premiers accusent d’être des étrangers ou des pièces rapportées (« Vous n’êtes pas d’ici ! »).
Il est apparemment très difficile de faire comprendre que la montagne est un bien commun et que personne ne peut en disposer à sa guise, fut-il propriétaire de zones cadastrées. La propriété privée offre une certaine liberté, mais elle est conditionnée par de nombreuses règles obligeant chacun à prendre en compte le droit collectif.
Cruis
La semaine dernière, une poignée de Crussiens a invité les médias à recueillir l’expression de son « ras le bol » (sic) contre ces opposants à la centrale photovoltaïque (dont nous traitons régulièrement sur ce site) venus « de l’extérieur ». Ils appelaient au regroupement des soutiens du projet, forcément Crussiens, samedi 20 sur la place du village. Apprenant cependant qu’on leur porterait la contradiction, ils ont préféré annuler, ce qui n’a évidemment pas empêché leurs détracteurs de se manifester.
Ce discours donne lieu à une sorte d’illusion d’optique autovalidante : ceux qui sont avec nous sont de chez nous, ceux qui sont contre sont forcément d’ailleurs. Aucune explication ne vient étayer ce raccourci plus idéologique que rationnel. Aucune donnée ne le confirme.
Notre confrère Cruis citoyen a fait le tour du sujet dans ses pages.
Lurs
Lors de la cérémonie des vœux de la municipalité à la population, une partie de celle-ci (dont nous avons déjà évoqué le combat) est venue calmement réclamer une réelle consultation publique avant la désignation des ZADER (zone d’accélération pour le développement des énergies renouvelables). Un adjoint s’est alors déchaîné, déversant à l’encontre des citoyens pacifiques une litanie de propos choquants et xénophobes, prétendant distinguer les vrais des faux « Lursiens ». La Provence relate l’événement dans un article.
Là encore, aucune thèse ne vient démontrer le rapprochement supposé entre pros photovoltaïque et Lursiens authentiques.
Conclusion ?
S’il existe bien un droit du sol en France, pour attribuer la nationalité , il n’en existe aucun pour valider l’appartenance à un village si ce n’est celui d’y posséder un bien et d’y payer ses impôts.
Certains de nos édiles locaux devraient écouter «La ballade des gens qui sont nés quelque part » de Georges Brassens – ils y trouveraient matière à réflexion.