Amilure

Les amis de la montagne de Lure

Il y a près d’un an, nous avons publié l’article « Rapport du front : point sur les projets en cours ». Plusieurs dossiers ont évolué depuis, parfois de manière préoccupante. Nous poursuivons ici ce travail de suivi, site par site, à partir des dernières informations disponibles.

Aubignosc — Malaga

Sur le site de Malaga, à Aubignosc, le projet de centrale photovoltaïque porté par Q Energy est actuellement suspendu. Nous avons engagé deux recours devant le tribunal administratif de Marseille en février 2023 : l’un contre le permis de défrichement, l’autre contre le permis de construire. Les deux procédures, traitées par des chambres distinctes, sont toujours en attente d’audience.

Sur le plan écologique, un état des lieux naturaliste — réalisé à l’initiative du collectif Elzéard — a mis en évidence la présence d’espèces protégées sur le site. N’ayant pas de statut juridique, Elzéard a sollicité l’ASPAS afin qu’un avocat intervienne auprès du préfet pour exiger le dépôt d’une demande de dérogation pour la destruction d’espèces protégées. Rappelons qu’une telle demande repose sur l’initiative de l’opérateur, et qu’elle n’est ni automatique ni systématique.

Malgré l’avis défavorable du commissaire enquêteur lors de l’enquête publique relative au PLU, la municipalité continue à soutenir ce projet industriel sur le site de Malaga. De son côté, Q Energy n’a pas encore engagé les travaux.

Banon — Mûres Basses/Plan de Banon

Les projets des Mûres Basses et du Plan de Banon sont désormais abandonnés et retirés du PLU. Cette décision fait suite à une consultation de la population par questionnaires, dont les résultats ont été défavorables, ainsi qu’à une opposition nette des habitants et habitantes du village. Une avancée majeure pour la préservation de nos territoires, rendue possible grâce à la mobilisation citoyenne

Cruis — Jas d’Aubert

Pour le projet sur le site du Jas d’Aubert, à Cruis, nous avons obtenu de la Cour administrative d’appel de Marseille l’annulation de l’arrêté préfectoral autorisant la destruction d’espèces protégées. Cette décision rend rétrospectivement la centrale solaire illégale. L’opérateur Boralex et le ministère de l’Énergie ont obtenu du Conseil d’Etat le pourvoi en cassation contre cet arrêt. Cette procédure portera a priori uniquement sur la régularité de la procédure et non sur le fond.

Nous avons mandaté une avocate spécialisée « Conseil d’État » pour assurer notre défense. La phase d’instruction prendra fin le 1er octobre 2025.

Parallèlement, le préfet a pris acte de la décision de la cour d’appel. Par arrêté, il a enjoint à Boralex de régulariser sa situation, s’il le peut, ou de procéder au démantèlement de la centrale. Cette mise en demeure n’interdit cependant pas l’exploitation du parc solaire pendant la phase transitoire. Ce choix préfectoral soulève des interrogations sur la cohérence juridique de l’ensemble.

En attendant, Boralex continue à vendre son électricité malgré l’illégalité prononcée de la centrale.

Face à ces incohérences, nous avons déposé un recours contre cet arrêté préfectoral, auprès du tribunal administratif de Marseille, afin de contester la poursuite de l’exploitation sans autorisation valable. Nous avons également informé toutes les instances concernées par ce projet, des opérateurs publics (Enedis, RTE) à l’opérateur privé (Boralex), jusqu’au ministère de la Transition écologique, du caractère manifestement illégal de cette situation.

Nous nous sommes aussi adressés au préfet, par courrier daté du 1er septembre 2025, afin qu’il nous communique la réponse de Boralex à sa mise en demeure.

Ces procédures engendrent des coûts financiers importants. Nous renouvelons notre appel à soutien auprès de celles et ceux qui souhaitent protéger les milieux naturels, agricoles et forestiers de la montagne de Lure.

Limans — Sigriès/Rouyère

Le projet privé qui vise 34 hectares sur les secteurs de Sigriès et Rouyère, assorti de 26 hectares de débroussaillement, a de nouveau été rejeté, en raison d’un dossier incomplet. Les raisons de cette gestion laxiste du dossier, qui étonne, restent inconnues.

Le collectif du Chêne blanc s’oppose vigoureusement à ce projet sur Limans, en accord avec la municipalité. Le morcellement foncier du site d’implantation laisse craindre une tentative de contournement du seuil légal de 25 hectares de défrichement.

Une vigilance collective reste nécessaire sur ce site.

Lurs — Les Pierras

A Lurs, le projet des Pierras continue à diviser avec, d’un côté, une population qui s’oppose au projet et, de l’autre, une mairie favorable à l’installation d’un parc solaire.

Dans un courrier du 24 juin 2025, la municipalité informait les habitants de la commune qu’un bail emphytéotique a été signé suite à la délibération du 22 janvier du conseil municipal en faveur de la filiale d’Engie-green porteuse du projet.

Le projet figure bien dans les ZADER de la commune, mais aucune demande officielle de permis de construire n’a encore été déposée.

L’association NaturaLurs, issue d’un collectif local, porte désormais la mobilisation citoyenne sur Lurs. A ce stade, le débat reste cantonné à l’échelle communale.

Mallefougasse — Les Hibiscus/Les Vignasses

À Mallefougasse, le projet Hibiscus, présenté comme une initiative d’agrivoltaïsme pastoral, semble aujourd’hui suspendu. Contesté localement pour ses impacts paysagers et son emprise au sol, il a été rejeté dès l’étape du guichet unique. Aucune demande de permis de construire ne semble avoir été déposée depuis cette date, ce qui laisse penser que le projet est à l’arrêt.

La mairie, qui était opposée au projet Hibiscus, est apparue plus réceptive au projet Sonnedix, dit « des Vignasses ». Situé en zone boisée classée ZADER, ce projet prévoit une unité de stockage par batterie lithium de 458 m², accompagnée d’un parc photovoltaïque dont la surface exacte reste inconnue.

Une déclaration ICPE a été déposée le 3 octobre 2024 pour l’implantation de la zone de stockage, suivie d’une demande de permis de construire datée du 11 octobre 2024.

Dans un courrier récent daté du 8 juillet 2025 (lien vers le document), la préfecture informe l’opérateur du refus de son autorisation environnementale, au motif d’un dossier « incomplet et irrégulier ». Sonnedix n’aurait pas donné suite aux demandes d’informations complémentaires, malgré deux relances des services préfectoraux.

La société Sonnedix aurait-elle perdu sa détermination à mener ce projet à terme sur Mallefougasse ? Nous nous trouvons ainsi dans une situation comparable à celle des projets sur les sites de Sigriès et Rouyère à Limans, où tout indique une baisse de motivation – voire un retrait des opérateurs – sur ces projets.

Les Omergues — Villesèche

Du fait sans doute d’une géographie favorable — faible population sur le versant exposé au soleil, larges espaces de parcours, de landes et de bois, cette commune est la cible parfaite pour les opérateurs industriels d’énergie photovoltaïque. Deux centrales y sont déjà en service, mais la municipalité ne semble pas en avoir assez.

Trois nouveaux projets ont récemment émergé sur la commune. Mais suite à l’abandon spontané d’un projet agrivoltaïque, seuls deux projets de parcs solaires subsistent à ce jour, couvrant une surface de 54 hectares sur le hameau de Villesèche.

Ces projets ont suscité une vive opposition de la part des villageois, portée par la toute nouvelle association STAJA qui vient de voir le jour. Des tensions sont apparues entre certains élus et les habitantes et habitants.

Par ailleurs, la possible installation d’un poste source sur le plateau d’Albion inquiète fortement. Ce type d’équipement pourrait en effet accélérer l’industrialisation du territoire, avec des conséquences à long terme difficiles à évaluer.

Nous restons en lien avec STAJA pour suivre ces évolutions.

Ongles — Bois de Seygne

Notre requête en justice contre le permis de défrichement qui avait été accordé à la société SolaireparcMP079, représentant Engie Green, a été jugée au tribunal administratif de Marseille le 31 décembre 2024. La cour a suivi les conclusions du rapporteur en donnant raison à Amilure : l’autorisation du permis de défrichement est rejetée pour le projet de Bois de Seygne à Ongles.

Le 10 février 2025, le conseil municipal d’Ongles a décidé sur cette base de ne pas reconduire la promesse de bail emphytéotique pour ce projet.

Pourtant, Engie a formé un pourvoi en cassation contre l’arrêt de la cour d’appel de Marseille interdisant le défrichement. Ce recours, surprenant au regard de la nouvelle position municipale, n’a pas encore été jugé recevable par le tribunal. Le ministère de l’agriculture, également concerné par ce pourvoi, n’a pas encore indiqué sa position dans ce dossier.

Le bois de Seygne constitue un site d’une grande sensibilité écologique, incluant une zone humide rare, à forte biodiversité. L’impact potentiel de ce projet dépasse donc largement les limites cadastrales.

Redortiers — Couravoune

A Redortiers, nous avons initialement estimé que le projet sur le site de Couravoune, de dimension réduite, peu visible et modérément impactant pour la forêt et la biodiversité, pouvait être toléré. Notre position découle de notre doctrine générale, selon laquelle nous ne nous opposons pas systématiquement à tout projet industriel. Elle est également en accord avec l’avis du CNPN sur ce projet.

Mais l’un de nos membres, expert forestier, a constaté l’absence de permis de défrichement. Après vérification sur site, il apparaît que les caractéristiques des parcelles exigeaient bien un tel permis. Nous en avons informé la DDT, qui nous a indiqué avoir déjà détecté cette erreur dès 2023. Une demande de régularisation est en cours.

L’avis initial du CNPN reposait ainsi sur une étude manifestement incomplète. Une nouvelle évaluation sera donc demandée.

Aucun chantier ne pourra débuter tant que le dossier réglementaire ne sera pas mis en conformité.

Revest-Saint-Martin — Corraïnes

A Revest-Saint-Martin, le projet des Corraïnes concerne une ancienne carrière, peu visible, sur une emprise de 5,7 hectares. Nous avons considéré cette implantation comme acceptable, en suivant l’avis favorable du CNPN.

L’opérateur Ténergie vient d’emporter un recours, sans doute contre l’association Sites et Monuments. En l’absence d’appel, le projet pourrait désormais se concrétiser.

L’opposition locale, quant à elle, a surtout eu pour effet de retarder la fermeture administrative de la carrière, indépendante du projet photovoltaïque.

Des dégradations de matériel ont été signalées. La maire, de son côté, déplore l’absence de dialogue, qualifiant les positions adverses d’« intégristes ».

Et pour conclure…

Au fil de ces suivis, un constat s’impose : la vigilance citoyenne et les recours juridiques portent leurs fruits. Plusieurs projets industriels, inadaptés à nos territoires et destructeurs pour la biodiversité, ont été freinés, suspendus ou abandonnés. Mais d’autres avancent encore, au mépris des oppositions locales et du bon sens écologique.

Face à cette pression constante, notre responsabilité collective est de continuer à défendre les milieux naturels, agricoles et forestiers de la montagne de Lure et du plateau d’Albion. Nos actions prouvent qu’il est possible de faire reculer les projets écocides de ces géants de l’énergie.

Plus que jamais, nous appelons à renforcer nos solidarités et à soutenir nos actions en justice. C’est à ce prix que nous préserverons les paysages et les écosystèmes uniques de notre territoire.

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Le point sur les projets combattus

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