Amilure

Les amis de la montagne de Lure

Accélération : les communes se suivent et ne se ressemblent pas

Comme on le sait, toutes les communes doivent rendre leur copie à la Préfecture suite à l’impératif de consultation de leur population, du fait de la loi de l’accélération des énergies renouvelables (EnR).

Chacune a cependant le choix des armes, si l’on peut dire – nous avons d’ailleurs proposé notre concours à ce sujet. On assiste donc à un florilège de stratégies : certaines font des réunions publiques (Banon, Limans, Montlaux…), d’autres limitent la démarche à un cahier de suggestions accessible (planqué) aux heures de mairie (Lurs), à croire que l’avis des citoyens est redouté. A Ongles, une procédure originale par sondage numérique en ligne a été tentée – une version papier ayant quand même été distribuée dans les boîtes aux lettres. A Mallefougasse, un courrier a été adressé à la population proposant de réserver les projets d’EnR au seul photovoltaïque dans le cadre de projets individuels, à l’exception de la zone de la carrière.

Les délibérations de Mallefougasse et de Montlaux vont dans le sens d’une restriction maximale des projets industriels. Certaines communes tardent cependant à publier leur délibération, dans une logique qui s’apparente parfois à l’opacité.

A Limans, l’action prend le chemin d’une véritable appropriation des enjeux énergétiques à l’échelle citoyenne, où les Centrales villageoises Lure-Albion sont appelées à jouer un rôle déterminant.

A Cruis, malgré la publication sur le site de la commune (pourtant peu loquace en général) des directives de la loi reprises dans un courrier de la Comcom, il semble pour l’heure que l’on ait renoncé à s’exprimer, et donc à consulter. Dans ce cas, la loi prévoit que ce seront les EPCI (Comcom) ou même la préfecture qui statueront sur les développements possibles du territoire communal. C’est une façon de s’en laver les mains, sans exercer ses prérogatives souveraines, pour pouvoir dire après : ce n’est pas moi. Quand on connaît la situation des EnR sur ce village, c’est une position qui étonne.

Sur Saint-Etienne-les-Orgues, le procès-verbal du conseil municipal du 14 décembre donne lieu à un dialogue surréaliste, laissant penser que la commune ne lit pas les journaux – ni les nombreux courriers de la sous-préfecture encadrant la démarche. A la question posée en fin de conseil sur les ZADER, la maire répond : « Nous ne voterons pas pour ces zones. Il n’y aura pas d’éoliennes ou de parcs photovoltaïques sur la commune ». Pourtant, si c’est le vœu de la mairie il faudrait justement qu’elle l’exprime dans une délibération, sinon, comme on l’a dit, d’autres vont décider pour elle. Et plus loin ça devient inquiétant : « Ce que l’on reçoit de certains particuliers est faux : il n’y pas de parc photovoltaïque sur la Montagne de Lure ». Est-ce le terme « photovoltaïque » qui n’est pas compris ? « Montagne » ? « Lure » ? Ce négationnisme interroge.

Nous ne sommes pas au fait de toutes les démarches. Nous avons cependant pris position aux côtés du collectif de Lurs pour soutenir son combat, et nous avons réagi auprès de deux conseils municipaux.

Sur Banon, après avoir évacué l’inscription des projets contestés par la porte du PLU, on a cherché à les faire rentrer par la fenêtre des ZADER. La démarche nous a semblé contradictoire, suspecte et malvenue, et nous l’avons exprimé par un courrier à la maire et à son conseil municipal (reproduit plus bas).

Sur Ongles, qui profite de cette consultation pour sonder informellement sa population quant au projet photovoltaïque de Seygne, que nous contestons vigoureusement (y compris au tribunal), nous avons voulu rappeler au conseil municipal les problèmes graves et importants que suscite ce projet (courrier reproduit plus bas aussi).

Au conseil municipal d’Ongles

Madame la Maire
Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux

Dans le cadre de la procédure de consultation que vous avez initiée, Amilure souhaite réitérer son positionnement par rapport au projet photovoltaïque de Seygne.

Nous nous opposons à ce projet de défrichement et à l’implantation d’une réalisation industrielle dans cet espace forestier si particulier.

Pourquoi sacrifier des arbres magnifiques et matures qui constituent un biotope remarquable à préserver comme le souligne dans son avis la MRAe et qui sont en pleine capacité de captation du carbone de l’atmosphère ? Cela n’est pas négligeable dans le contexte du réchauffement climatique.

Pourquoi choisir ce site d’Ongles alors que toute l’intercommunalité est concernée et qu’il existe des toitures industrielles et commerciales à équiper en priorité, des ombrières ou des friches ailleurs sur l’ensemble du territoire ?

Pourquoi ne pas respecter la biodiversité et la zone humide sachant qu’aucune mesure compensatoire ne saurait contrebalancer les siècles qui ont permis leur existence ?

Pourquoi ne pas offrir les toitures communales pour une production photovoltaïque locale et en autoconsommation, plutôt que de détruire le paysage ?

Association locale intégrée depuis plusieurs années dans l’action pour la défense de la montagne de Lure contre des projets portant atteinte au bien commun, Amilure forte de plusieurs centaines d’adhérents et plus de 2000 sympathisants a porté un recours devant la Cour administrative d’Appel de Marseille contre ce projet industriel. Le jugement n’est pas encore rendu.

Un bien commun est défini comme relevant d’une appropriation, d’un usage et d’une exploitation collectifs. Au regard de ses paysages, sa faune, sa flore, son patrimoine architectural, culturel et historique composant le patrimoine commun conformément à la Convention européenne du paysage, la montagne de Lure est un bien commun que nous devons collectivement défendre et sauvegarder.

Nous n’acceptons pas qu’un maire et son conseil municipal s’arrogent le pouvoir d’implanter une structure industrielle sur son territoire communal en se réclamant de l’intérêt public alors qu’ils recherchent un intérêt évident pour leur budget.

Nous voulons une planification départementale pour ce type de projet avec une authentique concertation avec la population et ses représentants.

Celle que vous avez mise en place pour respecter la loi APER est sans doute plus intéressante qu’un simple registre ouvert en mairie, obligeant ceux qui le souhaitent à se déplacer, et cela dans le respect d’horaires contraignants.

Une réunion publique aurait sûrement été plus informative et productive d’un débat assurément intéressant.

Vous semblez aussi vous inquiéter de l’avis des communes extérieures à la vôtre : c’est tout à votre honneur et sans doute une excellente idée, car il ne vous aura pas échappé que des projets photovoltaïques voisins font réagir des citoyens sur un très large périmètre et, en comparaison avec le projet de Seygne, l’impact de Cruis, par exemple, en matière de biodiversité et d’écosystème est infiniment moins grave que celui d’une centrale sur le bois de Seygne.

Veuillez recevoir nos meilleures salutations,

 

Au conseil municipal de Banon

Mesdames, Messieurs,

Lors de la réunion organisée par votre conseil municipal le 8 janvier dernier, il a été présenté les propositions des nouvelles localisations des sites d’installation de panneaux photovoltaïques pour répondre aux conditions de la règlementation en cours sur les ZADER à la demande de la Préfecture.

Nous avons pris note que l’ensemble de ces nouveaux projets (toitures existantes et création d’ombrières sur parkings) répondent aux conditions des recommandations émises par les services de l’Etat (DDT) et sont bien des zones anthropisées. Nous adhérons à ces choix, qui par ailleurs ont fait l’objet d’une évaluation précise des productions d’électricité envisagées.

Nous sommes par contre très étonnés et très inquiets de la synthèse finale de cette présentation qui y intègre les projets industriels des MURES BASSES et PLAN DE BANON. En effet outre la position initiale d’opposition de notre association à ces projets, il apparait que, postérieurement, votre conseil a décidé de ne plus les intégrer au projet de PLU de la commune, ce qui semble implicitement démontrer que vous avez fait le choix d’un abandon définitif de ces sites.

Or leur présence, apparaissant à nouveau dans le document ZADER diffusé, démontre l’ambigüe de votre position. Nous tenons à vous préciser que la nouvelle règlementation ZADER a pour but de faciliter et de simplifier les demandes pour l’implantation de tels projets sur les sites choisis. Leur intégration sera donc grandement facilitée lors de la révision des PLU, en cas de nécessité. Ceci veut dire que la décision que vous avez prise du retrait de ces implantations du projet de PLU actuel peut s’avérer sans efficacité.

Vous comprendrez donc que cette incohérence de prise de position nous amène à douter de la volonté effective de votre conseil pour limiter les effets d’implantations industrielles sur notre territoire avec leur conséquence sur notre environnement.

Nous vous demandons donc la révision des documents adressés à la Préfecture. Soyez assurés que nous resterons vigilants quant aux actions que vous entreprendrez sur le territoire de Banon.

Dans l’attente, nous vous adressons, Mesdames, Messieurs, l’expression de nos respectueuses salutations.

Image d’en-tête : DALL-E 2

index projet : #cruis-aubert, #lurs-zader, #ongles-seygne, #banon-mures-basses, #banon-plan-de-banon
Accélération : les communes se suivent et ne se ressemblent pas

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