Amilure

Les amis de la montagne de Lure

La biomasse : menace sur le bio ?

Introduction

Devant l’urgence du changement climatique et son cortège de conséquences désastreuses pour l’équilibre de la planète, nombreuses sont les opinions exprimées et les recherches de solutions. La quête ou le « Graal » pour l’avenir du monde vivant semblerait être l’énergie décarbonée et de nombreuses façons de la produire y répondent.  Logiquement un consensus est recherché, c’est celui du mix énergétique mais, avec de l’énergie sans dégagement de gaz à effet de serre (GES) : sans pétrole ni gaz ni charbon ! Reste le nucléaire (fission ou (hypothétique) fusion) et les énergies renouvelables sans émission de GES principalement l’hydroélectricité.

Cela engendre un dialogue de sourds entre anti et pro nucléaire mais aussi entre pro énergie renouvelable et ceux qui reprochent à quelques-unes (éolien, photovoltaïque, hydrogène) un bilan carbone élevé et une utilisation dévastatrice de certaines ressources de la Terre. De plus, des technologies nouvelles produisant l’énergie vertueuse sans CO2, présentent des risques ou de forts inconvénients pour les conditions de vie de l’humain et des autres vivants. On le constate : énergie renouvelable et énergie décarbonée ne sont pas des synonymes.

Pour nous protéger et préserver la planète, nous devrions nous accorder et intégrer dans nos comportements des actes quotidiens pour économiser l’énergie. Mais, comme l’écrit Jean Ganzhorn, un artisan haut-alpin spécialisé dans les EnR, engagé aussi dans l’analyse de leur développement :

[…] le confinement généralisé a montré en grand, une réalité : nous divisons par à peine moins de deux la consommation d’énergie en arrêtant beaucoup de choses. Cette expérience nous montre que la réduction de consommation a, elle aussi, ses limites. De plus reconvertir notre système énergétique et même économiser de l’énergie nécessite de… l’énergie : ainsi isoler une maison au lieu de partir en voyage à l’autre bout du monde est une bonne chose, mais les deux nécessitent de l’énergie : la première est un investissement en énergie, la seconde une dépense définitive.

[…] si nous arrivons à réduire par deux nos consommations en étant plus efficace (vélo, bus à la place de voiture, isolation, fin de l’obsolescence…) plus sobre (moins de consommation d’objet, de voyages, déplacements…) nous aurons toujours besoin d’énergie pour nos hôpitaux, eau potable, pompiers et le COVID nous montre que le divertissement […].

Il nous faudra donc mener de front deux résolutions : économiser l’énergie et produire de l’énergie renouvelable décarbonée.

En matière d’énergies dites renouvelables (EnR), on trouve le photovoltaïque, l’éolien, l’hydroélectricité (principalement l’association barrage et turbines bien connue) et l’hydrogène qui, selon la façon dont il est produit, pourrait être « vert ». Suivent ensuite d’autres énergies dites vertes qui nécessitent des intrants, par exemple le méthane (production de gaz à partir de déchets organiques) et, sujet de cette analyse la biomasse, c’est-à-dire la production d’énergie à partir de la combustion de matières organiques.

Une énergie renouvelable, la biomasse ?

Les forêts du monde entier sont menacées par une demande industrielle plus importante de bois, dont le bois énergie pour alimenter des centrales à biomasse. L’objectif de remplacer celles à charbon afin de produire de l’électricité, est la principale cause de cette opération menée par des industriels qui trouvent l’occasion de « verdir » leur filière tout en captant des aides financières attribuées par les Etats, par l’Union Européenne ou l’ONU.

Brûler du bois pour produire de l’électricité à grande échelle nécessite de raser des forêts dont les sols mis à nu rejettent énormément de CO2. Depuis le Grenelle de l’environnement en 2007, les appels à mobiliser davantage de bois se multiplient. Ainsi, les forêts sont de plus en plus considérées comme une solution pour remplacer progressivement notre dépendance aux énergies fossiles. Des arbres entiers sont transformés en granulés alors qu’ils pourraient être utilisés pour contribuer au stockage du carbone. Lorsqu’un arbre est récolté, on peut en tirer différents types de produits : du bois bûche ou du granulé, du papier ou du carton, du bois d’œuvre pour la construction ou encore des meubles. Ces produits stockent le carbone accumulé pendant la croissance de l’arbre et le libèrent en fin de vie. Ce stockage est donc quasiment inexistant pour le bois énergie ou le papier, dont le cycle de vie est court, et beaucoup plus important pour un bois utilisé pour construire.

En France, comme dans de nombreux pays européens, des projets industriels de valorisation énergétique du bois se développent. Les centrales à charbon reconverties en centrales à biomasse broient des grumes pour s’en servir de combustible – voir notre dossier Gardanne. La quasi-indifférence dans laquelle se développent ces projets est symptomatique de l’absence de débat critique en France sur la gestion forestière. L’urgence d’agir face aux changements climatiques devient un alibi pour promouvoir une intensification de l’exploitation forestière.

Ainsi la Stratégie Nationale Bas-Carbone prévoit une augmentation importante de la récolte et une baisse de la capacité naturelle des forêts à stocker du carbone. Depuis longtemps, cette politique est dénoncée par les forestiers rejoints depuis par le monde scientifique : voir l’appel des 500 scientifiques sur le bois

Pour mémoire cette Stratégie Nationale Bas Carbone va à contre-sens des recommandations du GIEC, qui alerte sur le risque de franchir des seuils d’emballement climatique dans les prochaines années. Quant aux biocarburants et au biogaz, comme on les obtient par un procédé chimique industriel lourd le gouvernement a confié à l’ADEME la gestion d’un fonds de soutien des recherches engagées dans les différents domaines des nouvelles technologies de l’énergie. Dans ce cadre, l’agence a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur les biocarburants de deuxième génération. Les projets soutenus concernent toutes les filières de carburants consommés en France (essence, gazole, gaz) :

  • Futurol : basé sur un procédé biochimique de transformation de la biomasse pour produire de l’éthanol ;
  • BioTfuel : basé sur un procédé thermochimique de transformation de la biomasse puis de la synthèse Fischer Tropsch pour produire principalement un biogazole et un biokérosène de synthèse ;
  • Gaya : basé sur un procédé de gazéification – méthanation pour produire un biocarburant gazeux.

Dans le débat sur les ressources des renouvelables on ne parle jamais des millions d’hectares que nécessitent les biocarburants et le bois énergie. L’industrie de l’énergie dite « verte » a pour conséquence de détruire ou d’artificialiser pour des cultures non alimentaires des surfaces naturelles ou forestières considérables.  Selon les sources, en France, entre 800 000 et 1 700 000 ha seraient affectés aux biocarburants.

Depuis 20 ans nous parlons d’énergies renouvelables en incluant dans ces énergies notamment le bois et les biocarburants (c’est-à-dire une industrialisation de l’agriculture). Or ces matières premières sont issues de la photosynthèse, qui prend de l’énergie solaire et du CO2, la transforme en sucre et rejette de l’oxygène (O2). Leur rendement est faible (1% à 2% couramment, 3% dans les plantes en C4 – maïs, canne à sucre, etc.) mais elles sont quasiment gratuites.

Quand certains experts autoproclamés parlent du rendement énergétique excellent (pour la production d’électricité brute, sans prendre en compte le potentiel de génération calorique) du bois ou des biocarburants à 80% et leurs opposent le rendement « minable » du photovoltaïque, ils font une grave erreur de calcul. En effet, ils oublient que le rendement de 80% du bois se calcule sur la base de la performance de 1% à 2% de sa photosynthèse, soit un rendement effectif de 0.80% à 1,6% du potentiel solaire, tandis qu’un panneau photovoltaïque de type « polycristallin » (technologie la plus courante) atteint en général, de 13 à 15% et qu’un panneau photovoltaïque de type « monocristallin » (un peu plus cher) peut atteindre 18%.

La ruée depuis 20 ans sur l’énergie de la biomasse, censée être verte du fait qu’elle se renouvelle, est basée sur une monstrueuse et fausse analyse. La déforestation provoquée pour l’huile de palme (biocarburant) a rendu certaines années la Malaisie davantage contributrice d’émissions de gaz à effet de serre que la Chine. Celle organisée par la filière bois énergie ne vaut pas mieux : brûler du bois n’est sûrement pas mieux que brûler du charbon, car non seulement on rejette beaucoup de CO2 et de particules fines extrêmement toxiques mais on détruit les stocks de carbone du sol déforesté.

La combustion du bois libère bien du carbone dans l’atmosphère… et même davantage que le charbon ou pétrole car, par tonne brûlée, elle produit moins d’énergie que les carburants fossiles. Cette combustion est prétendue « neutre » au prétexte que le carbone émis a été absorbé pendant la croissance des arbres et sera à nouveau absorbé par d’autres. Ce concept est dénoncé par un nombre croissant de scientifiques, car il faut plusieurs dizaines, voire centaines d’années, pour qu’un arbre ou un peuplement retrouve le stock de carbone d’avant la coupe selon le mode de gestion. Or, l’urgence climatique nous impose de réduire massivement nos émissions dans les prochaines années et de restaurer voire d’accroître la capacité de stockage des puits de carbone naturels comme les forêts. L’utilisation de bois énergie devrait donc être strictement limitée aux coproduits de l’exploitation et de la transformation du bois, pour lesquels aucune autre valorisation plus durable n’est possible.

Pour répondre aux objectifs de la production d’énergies renouvelables, des opérateurs convoitent les zones naturelles et forestières pour y implanter de l’éolien ou du photovoltaïque, cela implique d’obtenir l’autorisation de défricher des surfaces boisées qui viennent s’ajouter à celles déjà visées par les centrales à biomasse (voir notre dossier Gardanne).

Le terrain agricole est défendu logiquement par la profession (chambres départementales d’agriculture et syndicats d’agriculteurs). Mais certains préconisent une solution qu’ils estiment gagnante : la jachère solaire afin de régénérer les sols. Depuis des décennies, des terres agricoles sont en monoculture et la vie des sols est morte éliminée par l’excès d’apport d’intrants chimiques, fertilisant spécifiquement les cultures installées. Plus de vers de terre, l’érosion entraîne le sol dans les rivières et celle-ci est fatale pour l’avenir du sol. Y placer des champs de panneaux photovoltaïques permettrait à ces terres de « se reposer » et de se restructurer. 30 ans est la mesure du temps qu’il faut pour régénérer les sols, permettant aux vers de terre de revenir, à la vie du sol de reprendre ses droits, à l’érosion fatale de s’interrompre. Il n’est pas sûr que cette solution rencontre beaucoup d’adeptes et d’enthousiasme chez les agriculteurs qui subissent déjà une lourde pression foncière et voient chaque année disparaître des centaines d’exploitations agricoles, ni chez les défenseurs de l’environnement qui considèrent que l’installation de centrales photovoltaïques au sol impacte fortement le paysage.

Si nous reprenons la démonstration de Jean Ganzhorn, on citera :

En France on consacre environ 800 000 hectares de surface agricole à la production de biocarburants. Ceux-ci ont générés 37.5 TWh d’énergie. Avec cette surface en photovoltaïque nous aurions : 400 000 mégawatts soit 400 Gigawatts installés. Un watt installé produit à Paris un Kilowattheure par an. Donc nous aurions 400TWh d’électricité. Donc pour produire autant d’énergie que les biocarburants nous aurions besoin d’une surface 10 fois plus faible. Sachant que les voitures électriques consomment aux minimum deux fois moins que les voitures à essence, nous pouvons dire que le rapport est 20 fois meilleur pour le couple Photovoltaïque/voiture électrique que le couple Biocarburants/Voiture essence. Certains répliqueront qu’il faut de l’énergie pour faire ces milliers d’hectares de panneaux. Oui mais là encore le rapport est meilleur que pour les biocarburants : les panneaux sont produits une fois pour trente ans, tandis que le biocarburant nécessite chaque année engrais, tracteurs, transformation chimique lourde en éthanol chauffé à haute température.

En résumé, nous devons arrêter les biocarburants et les remplacer par des centrales au sol sur une surface moindre. Ainsi nous récupérons de l’espace pour le monde sauvage et les forêts. Devant un rendement de 15 à 20 % pour le photovoltaïque et un rendement 1 à 2 % pour les céréales (le colza), le calcul est vite fait !

Amilure n’a pas vocation à prendre position pour ou contre l’intérêt des EnR quelles qu’elles soient, mais pour la préservation de notre périmètre d’intervention. Nous proposons des analyses des différents moyens projetés ou mis en œuvre par les instances de décision afin d’apporter à nos adhérents, l’information dont ils sont souvent privés. Ainsi nous avons proposé une réflexion sur l’agrivoltaïsme.

Notre secteur géographique est largement boisé mais ce paysage forestier est récent, il y a moins d’un siècle le massif de Lure et ses alentours étaient maintenus rasés par une surexploitation du bois et par le pastoralisme. Cette forêt adolescente qui nous entoure aujourd’hui rend des services incomparables en cette période de changement climatique : elle fixe dans le bois et le sol le carbone émis dans l’atmosphère par des activités industrielles polluantes, elle libère de l’oxygène, elle régule le cycle de l’eau en filtrant les précipitations et en conservant, sous le couvert des feuillages, l’humidité et la fraîcheur qui favorisent une riche diversité d’êtres vivants indispensables à l’équilibre vital.

Une gestion forestière, maîtrisée et consciente des enjeux relatifs au bon fonctionnement de l’écosystème garantirait des ressources suffisantes pour satisfaire les humains et tous les autres usagers de cet espace naturel. Les exploitants forestiers qui défrichent et rasent des arbres encore jeunes pour replanter des espèces exogènes en monoculture, dans une quête de profit financier à court terme ou de subventions, ne tiennent aucun compte du rôle et du développement des forêts. Celle-ci a un temps d’évolution qui lui est propre et il est bien au-delà de celui de la vie d’un homme. Exploiter intensivement la biomasse pour produire de l’énergie électrique est la pire des mauvaises idées. La forêt est l’avenir de la planète et de l’espèce humaine : elle doit être préservée. Quand le taux d’accroissement de la forêt est positif, la capacité de stockage du CO2 augmente. N’est-ce pas ce qui est primordial pour lutter contre les gaz à effet de serre et le dérèglement climatique ? La création de réserves intégrales bénéficie au stockage de carbone, comme en atteste l’intégration de cette mesure dans la Stratégie Nationale d’Adaptation au Changement Climatique (voir encart ci-dessous).

Stratégie Nationale d’Adaptation au Changement Climatique

La dégradation des écosystèmes par des systèmes de gestion non durables ou une pression croissante sur les ressources naturelles peut menacer les services écosystémiques et leur potentiel d’adaptation naturelle aux effets du réchauffement climatique. La dégradation des écosystèmes peut aussi accroître la probabilité de survenue de perturbations brutales, telle la propagation de nouvelles maladies, ou encore amplifier les effets des bouleversements climatiques à l’échelle de grandes régions du monde.

L’importance de ces effets régulateurs ou amortisseurs se révélera d’autant plus décisive que les phénomènes climatiques extrêmes sont appelés à s’accentuer avec les changements climatiques. Il est donc nécessaire de réduire la demande sur ces systèmes naturels comme réservoirs de ressources ou d’absorption des déchets.

Une réduction préventive de la consommation des ressources naturelles, en nous rendant moins dépendants de ces mêmes ressources, nous rendra en outre moins vulnérables et plus adaptables aux effets du réchauffement climatique contribuant localement à leur raréfaction (eau, énergie…). Autrement dit, en préservant le patrimoine naturel, l’homme pourra tirer profit de celui-ci pour atténuer les impacts du changement climatique.

Cette finalité peut trouver de multiples illustrations dans la gestion de l’environnement et la protection des milieux naturels (gestion des ressources en eau, préservation des zones humides, protection du littoral, etc.) et incite à un rapprochement plus étroit entre les objectifs de l’adaptation et ceux des problématiques environnementales.

  • Promouvoir une gestion adaptative en faveur de la biodiversité dans les études d’impact et documents d’orientation et de gestion. La « gestion adaptative » est une pratique de gestion qui tient compte des paramètres climatiques locaux (actuels et futurs) et qui donne à la forêt le maximum de chance de faire face et de se maintenir dans le temps long. Cette gestion adaptative doit pouvoir miser sur le potentiel biologique de la forêt (notamment en préservant ou augmentant la diversité génétique des peuplements, la préservation des milieux associés et des sols) et sa diversité (naturelle ou assistée) comme levier pour l’adaptation.
  • Gérer et renouveler les peuplements forestiers en utilisant toute la gamme diversifiée de sylvicultures, telles que libre-évolution, gestion active, à la lumière de l’expertise et la prospective dans un contexte de changement climatique, afin de limiter les impacts climatiques sur les ressources forestières

Référence, et plus récemment.

Mais nous nous trouvons désemparés quand nous comparons les différentes stratégies nationales et autres plans nationaux. Ainsi la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) qui est la feuille de route de la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) concerne tous les secteurs d’activité et doit être portée par tous : citoyens, collectivités et entreprises. Pourtant elle présente dans ses recommandations des contradictions difficiles à comprendre, ainsi il est écrit dans un texte de synthèse1 que :

Le secteur forêt-bois-biomasse est un secteur stratégique pour atteindre la neutralité carbone car il permet la séquestration de carbone et la production de matériaux et d’énergie bio sourcés et renouvelables se substituant aux produits d’origine fossile. Avec 31% du territoire métropolitain sous couvert forestier, le secteur de la forêt constitue la majeure partie du puits de carbone français (avec l’agriculture) et permet de compenser une partie des émissions des autres secteurs. La stratégie envisage une trajectoire ambitieuse de développement du puits du secteur forestier jusqu’en 2050 (+87% par rapport à un scénario tendanciel, avec une hausse du puits des produits bois d’un facteur 8 par rapport à aujourd’hui)

La SNBC veut « maintenir la captation et les stocks de carbone dans l’écosystème forestier par une meilleure gestion sylvicole qui permette à la fois l’adaptation de la forêt au changement climatique et la préservation des stocks de carbone dans l’écosystème forestier, sols inclus… » et aussi que « le renforcement des puits de carbone dans le secteur forêt-bois passera également par le développement du boisement et la réduction des défrichements »

Mais dans le paragraphe suivant il est écrit :

Maximiser les effets de substitution et le stockage de carbone dans les produits bois, grâce à une récolte accrue du bois (augmentation de la récolte de bois de 12Mm³ par an à l’horizon 2026, et poursuite de l’augmentation par la suite, avec + 0,8Mm³ par an à partir de 2036), tout en veillant à la préservation de la biodiversité, orienté envers des usages à plus longue durée de vie (en particulier via la massification du recours au bois dans la construction, avec pour objectif de tripler la production de produits bois à usage matériau à longue durée de vie entre 2015 et 2050) et en augmentant le recyclage et de la valorisation énergétique des produits bois en fin de vie.

Que doit-on comprendre ?

L’état de la seconde et de la troisième transformation dans la filière bois française (fabrication de poutres, fermes de charpentes, menuiseries, parquets, lambris, etc.) permet-il d’envisager sereinement cet objectif ou alors vaudrait-il mieux laisser sur pied ces arbres qu’on envisage d’abattre alors qu’ils sont au meilleur de leur capacité de stockage du carbone ?

Et faisons ensuite converger ces axes de la stratégie bas carbone : développement du puits (de carbone) du secteur forestier, adaptation de la forêt aux changements climatiques, développement du boisement, récolte accrue du bois. Cela fait sens si on le considère en mode productiviste.

On peut alors s’inquiéter de la menace de remplacement des forêts par des plantations d’espèces exogènes, supposées plus adaptées au nouveau contexte climatique et à croissance plus rapide. Il faut laisser du temps aux espèces indigènes pour s’adapter. L’hypothèse du remplacement va justifier des techniques de ligniculture qui n’ont rien à voir avec la sylviculture, ni avec la protection des écosystèmes : défrichement, travail du sol, débroussaillage répété, sélection génétique, plantation monospécifique.

Est-ce que ce mode de gestion est adapté pour sauvegarder la planète ?

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