Amilure

Les amis de la montagne de Lure

Assises de la forêt française : le point de vue d’Amilure

Les Assises de la forêt et du bois, sous la tutelle des ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Industrie, se sont ouvertes mardi 19 octobre à l’INRAE (l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, Paris 7e). Quatre groupes de travail thématiques ont été formés. Ils se sont réunis d’octobre 2021 à janvier 2022. Un travail thématique partant des stratégies existantes et des rapports de référence sur la filière forêt-bois s’est engagé pour :

  • garantir le rôle de la forêt et du bois dans l’atteinte des objectifs de neutralité carbone ;
  • renforcer la résilience des forêts et des écosystèmes forestiers, préserver la biodiversité et valoriser les services rendus par les forêts ;
  • renforcer les capacités de valorisation de la ressource nationale par un tissu industriel français diversifié et compétitif ;
  • rénover le cadre de concertation territoriale entre propriétaires forestiers et parties prenantes sur la gestion des forêts.

Ces assises seront clôturées fin janvier 2022, par Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée en charge du Logement, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l’Industrie, et Bérangère Abba, secrétaire d’État en charge de la Biodiversité, avec la publication d’une synthèse des travaux et d’une série de propositions opérationnelles.

À la suite, le gouvernement Castex devrait rendre dans les prochains jours ses arbitrages sur l’orientation de la politique forestière française.

Nous devrions applaudir à cette démarche et nous réjouir d’une entente cordiale entre plusieurs ministères s’intéressant à la forêt française. Bizarrement, notre enthousiasme est voilé par un doute : comment concilier le développement industriel des diverses filières d’exploitation de la forêt avec son indispensable protection du fait de son rôle contre le réchauffement climatique ?

Pas moins de 600 acteurs, scientifiques, associatifs ou professionnels de la filière bois-forêt ont signé le 15 janvier une tribune dans le JDD pour appeler le gouvernement à « faire des choix forts pour enfin concilier une politique de production de bois et politique de conservation de la biodiversité dans une seule et même politique forestière. »

Notre point de vue rejoint leurs conclusions :

Nos forêts souffrent des effets du dérèglement climatique et pourtant nous n’avons peut-être jamais eu autant besoin d’elles. Fixation et stockage de carbone, production de bois, genèse et stabilisation des sols, régulation des cycles de l’eau, habitats pour la flore et la faune : les forêts offrent de nombreux services, le plus souvent gratuitement.

Mais la forêt française est vulnérable et elle connaît depuis quelques années une crise importante indiquée dans cette tribune :

…pour la première fois depuis le milieu du XIXe siècle – la progression du volume de bois en forêt ralentit sous l’effet d’une triple pression : baisse de la croissance, hausse des prélèvements de bois, aggravation de la mortalité de certaines espèces d’arbres.

Cette crise n’est pas passagère, elle constitue une nouvelle donne qui déstabilise et interroge les pratiques de gestion forestière. Dans un contexte d’incertitude croissante, sur quelles bases fonder une nouvelle politique forestière ?

Rappelons que le 19 mai 2009, le Président de la République Nicolas Sarkosy avait dans le discours d’Urmatt déclaré ceci :

La balance extérieure de la France pour l’ensemble de la filière du bois et de l’ameublement affiche un solde négatif de plus de 6 milliards d’euros en 2008. On dépense 6 milliards d’euros pour aller chercher du bois et de l’ameublement chez les autres alors qu’on l’a, à portée de la main.(…) Mais la France a des territoires ruraux, une géographie, des ressources naturelles qui représentent un potentiel formidable. Le massif forestier français a augmenté de moitié depuis 1950 et, au rythme actuel, la forêt conquiert la surface équivalente à un département chaque décennie. Le potentiel forestier est extrêmement important, mais il y a seulement 60% de l’accroissement naturel annuel qui est prélevé chaque année. C’est-à-dire qu’il y a 40% qu’on peut prélever de plus en gardant notre patrimoine, qu’on ne prélève pas et pendant ce temps on paie 6 milliards d’euros. Voilà la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il faut donc tout mettre en œuvre pour mobiliser la ressource, dans des conditions durables. (…)

Je vous propose donc de renforcer notre tissu industriel de valorisation du bois et d’engager un véritable programme.

13 ans plus tard, nous constatons comme les rédacteurs de la tribune du JDD que ce programme n’était pas une solution pour valoriser la forêt :

L’Europe a ouvert la réflexion en adoptant une stratégie pour les forêts proposant une vision forte : s’appuyer sur la biodiversité pour renforcer la résilience. Une vision qui ne signifie pas une sanctuarisation des forêts, mais qui acte qu’elles constituent des écosystèmes dont le bon état de fonctionnement écologique doit être maintenu ou restauré car il représente la seule véritable garantie de résilience et de résistance face aux aléas annoncés.

Nous approuvons l’avis de l’association Canopée qui se définit comme lanceuse d’alerte dénonçant les menaces pesant sur les forêts :

  • L’urgence climatique et la nécessité d’enrayer l’érosion de la biodiversité doivent conduire à repenser en profondeur les politiques forestières et le dialogue avec la société.
  • Les règles encadrant la gestion forestière, en particulier en forêt privée, doivent être discutées et débattues de façon transparente et scientifiquement contradictoire, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
  • Le service public forestier doit être renforcé, en particulier le rôle de l’Office National des Forêts, où il n’est plus acceptable de supprimer des effectifs.

Amilure n’a pas pour objet direct dans ses statuts de s’occuper de la gestion forestière mais c’est un objet indirect à travers la préservation de la montagne de Lure, de la protection et de la promotion de ses paysages, de son cadre de vie, de la faune ou de la flore, du patrimoine commun, architectural, culturel et environnemental. C’est pourquoi, nous portons un regard attentif sur la façon dont se développe l’activité humaine dans l’exploitation des forêts locales mais aussi sur les orientations de la politique forestière nationale et des initiatives originales ou des expérimentations pour préserver les forêts face au réchauffement climatique.

Assises de la forêt française : le point de vue d’Amilure

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