Amilure

Les amis de la montagne de Lure

Evolutions du réseau électrique : l’agenda EnR

Dans le cadre de la consultation de RTE (Réseau de transport d’électricité) sur l’évolution du réseau en vue de l’intégration des centrales électriques EnR, nous communiquons ici la contribution d’Amilure.

Si nos lecteurs souhaitent participer à cette consultation, ils peuvent écrire à cette adresse à condition de le faire avant le 17 mars.

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Analyse critique des objectifs S3REnR

Nous avons pris connaissance de l’ensemble des pièces du dossier portant sur la « Révision du Schéma Régional de Raccordement au Réseau des Énergies Renouvelables Provence-Côte d’Azur (S3REnR) ». 

Considérations générales : 

Nous constatons avec optimisme que « par rapport au projet de schéma mis en consultation à lautomne 2020, près de 400 MW de capacités envisagées sur certaines zones rurales (plateau dAlbion et Haute-Provence) ont été transférés vers des zones fortement urbanisées disposant dun potentiel élevé de photovoltaïque sur surfaces artificialisées ». Cette approche, en accord avec les recommandations de la DDT04 que notre association soutient, mérite d’être soulignée. 

Nous prenons aussi bonne note de votre avertissement que le schéma ne peut pas, à lui seul, garantir l’atteinte des objectifs 15, 17 et 48 du SRADDET en matière de protection de la biodiversité et de préservation des espaces naturels, agricoles et des paysages, « dans la mesure où le réseau a vocation à accueillir les projets dEnR sans discrimination, dès lors que ces projets sont dûment autorisés par les pouvoirs publics. »

Votre avertissement quant aux futures implantations se confirme hélas de nos jours, alors que nous constatons avec inquiétude une prolifération de projets sur la Montagne de Lure et sur le Plateau d’Albion (Aubignosc, Cruis, Ongles, Châteauneuf-Val-Saint-Donat, Les Omergues, Montfort… pour n’en nommer que quelques-uns), projets qui ignorent totalement les enjeux de biodiversité, paysagers, agricoles, forestiers et patrimoniaux de notre région. 

De la concertation : 

Bien que la concertation dans le cadre du rapport S3REnR soit définie par l’article D321-12 du Code de l’énergie, il est regrettable que la société civile ne soit pas informée du type et des emplacements d’installations industrielles d’énergie pour lesquelles se transforme le réseau. La logique aurait voulu que la cartographie ordonnée par le ministère de l’Écologie aux préfets, « dans la concertation des acteurs du territoire » soit la base qui définisse « le potentiel et la dynamique de développement des EnR sur les zones d’étude » et donc de l’évolution du réseau électrique. 

C’est un peu le monde à l’envers : les professionnels EnR et les services de l’Etat en région confirment à RTE une dynamique qui est inconnue dans les détails par les associations de défense du patrimoine et de la biodiversité et surtout par les riverains des futures installations industrielles d’énergie. 

La confidentialité de projets qui pourraient porter atteinte à la richesse et la diversité de notre territoire n’est pas acceptable.

Poste dAlbion :

Nous notons que la capacité d’accueil réservée au titre du présent schéma sur Albion a été adaptée à 80 MW au lieu de – comme le proposait la version antérieure du schéma – son report à une révision à l’horizon 2030. 

Cette potentialité implique des futures installations PV totalisant entre 80 à 160 ha (sur la base d’une hypothèse de 1 à 2 MW par ha). Bien que cet ajustement tient compte, selon le document, des enjeux paysagers, agricoles et naturels dans ce secteur vis-à-vis du développement de parcs photovoltaïques au sol, nous sommes beaucoup plus dubitatifs quant aux « potentiels photovoltaïques sur surfaces anthropisées (toitures, parkings …) qui pourront être desservis » sur ce secteur. 

Nous apprécierions de recevoir la liste de ces emplacements, d’autant que le même document confirme que les zones à forts enjeux représentent l’essentiel de l’aire d’étude du poste d’Albion « pour près de 95 % (soit 52 300 ha environ). Ces enjeux forts correspondent pour lessentiel à des périmètres de monuments historiques, à des forêts de protection de lONF et à des sites Natura 2000 (SIC, ZSC et ZPS). » 

Par ailleurs, l’annexe « Rapport d’évaluation environnementale » établit que « les surfaces sans enjeux environnementaux connus (surface à privilégier) ou à enjeux modérés identifiés dans les rayons daction de 20 km du poste électrique dAlbion représentent, a minima 4 fois, les surfaces nécessaires aux installations photovoltaïques correspondant à la hauteur des capacités daccueil de ce poste. » Notons que ces surfaces sans enjeux ou à enjeux modérés sont limitées si nous les comparons avec celles, par exemple de la moyenne Durance (10 fois les capacités d’accueil des postes) ou Sud Valensole (47 fois). Nous réitérons donc notre demande quant à liste des emplacements anthropisés prise en compte dans le cadre de la révision du schéma. 

Nous désirons conclure en soulignant que le fait que le poste « Albion » ait une liaison de raccordement dimensionnée à 300 MW et que l’ajout ultérieur d’un 2ᵉ, voire d’un 3ᵉ transformateur soit envisageable, impliquerait une mobilisation du foncier agricole et forestier que nous considérons totalement inacceptable.

Haute Provence et Verdon :

La portée géographique de notre action inclut la zone de référence, particulièrement la zone de « Moyenne Durance », pour laquelle les perspectives de développement de parcs photovoltaïques au sol totalisent environ 350 MW, soit entre 350 ha et 700 ha.

Comme nous l’avons mentionné précédemment, de nombreux projets sont en cours dans cette zone, la majorité d’entre eux ignorant les recommandations de la DDT04 et affectant de façon importante les enjeux de biodiversité, paysagers, agricoles, forestiers et patrimoniaux de la Montagne de Lure, paysage remarquable classé Natura 2000 (zone spéciale de conservation).

Le document n’offrant aucune indication quant à l’emplacement potentiel d’installations industrielles d’énergie et les travaux de réseaux se concentrant sur l’axe Boutre-Oraison-St-Auban-Sisteron, nous ne pouvons que confirmer que nous maintiendrons notre vigilance vis-à-vis des projets en devenir. 

Lignes électriques :

Le dossier précise que les créations de ligne seront essentiellement souterraines, si les aspects technico-économiques le permettent. Nous souscrivons à l’avis de la MRAe que l’enterrement gagnerait à être systématiquement privilégié, notamment dans le cadre de la création des postes source Asse Durance et du plateau d’Albion qui permettront de couvrir l’ensemble des contreforts nord de la Montagne de Lure, secteur central de la réserve de biosphère Luberon-Lure, qui fait l’objet de nombreux enjeux environnementaux, agricoles et paysagers. 

Evolutions du réseau électrique : l’agenda EnR

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